Cela fait des mois qu'un ami m'a parlé de Pierre Bordage. Un auteur de science-fiction français, reconnu, qui vit de sa plume, qui a reçu de nombreux prix, et plus anecdotique c'est presque un voisin, nous vivons dans la même région. Tout cela me donnais un à priori positif.

 

Ma première tentative de me plonger dans l'oeuvre de Pierre Bordage a été catastrophique. J'ai commencé à lire les Fables de l'Humpur. Cela ne m'a pas du tout parlé, j'ai trouvé ça complètement obscur et j'ai abandonné au bout de quelques pages. 

 

Après quelques mois j'ai essayé à nouveau avec Abzalon. J'ai été jusqu'au bout, j'ai même commencé la suite : Orchéron. 

 

Synopsis Wikipedia : 

Ester, le monde d'Abzalon et Ellula est au bord de la destruction (menacé par l'instabilité de son étoile). L'un, tueur de femme, est prisonnier dans la plus terrible des prisons, Doeq. L'autre, une jeune Kropte, est issue d'un peuple archaïque (pacifique, religieux et polygame) tombé sous le joug de la société dominante de la planète, l'église du Moncle, des « mentalistes », les spécialistes du comportement.

Les prisonniers de Doeq et les derniers Kroptes se retrouvent embarqués de force à bord de l'Estérion, un vaisseau spatial qui a pour but la colonisation d'un nouveau monde.

 

Pierre Bordage a une qualité indéniable, c'est qu'il est capable très rapidement de nous plonger dans un univers cohérent, original où l'immersion est très rapide. Les principaux personnages sont bien dessinés et originaux, surtout celui d'Abzalon. L'histoire a tout pour être prenante, les personnages sont face à des enjeux importants, les rebondissement sont nombreux et s'enchaînent. L'histoire est vu sous différents points de vue, parfois avec du recul, ce qui étoffe l'histoire et l'univers.

Le moment clé du roman, la rencontre entre les femmes kroptes et les hommes doeks au centre du vaisseau est palpitant et dramatique.  

 

Sauf que je n'ai pas aimé ce roman.

 

D'abord, j'ai trouvé tous les personnages antipathiques, tous sans exception. Abzalon, pour commencer, qui n'est qu'un monstre, un prédateur sanguinaire. Je n'ai pas adhéré à sa transformation d'anti-héros à héros, surtout j'ai été choqué par un passage où ses actes criminels sont excusés, ou tout du moins minimisés. J'ai souhaité toute la première moitié du livre qu'il meure et qu'on passe à autre chose. 

 

Presque tous les autres personnages sont également des salauds - anciens criminels, moines intégristes assassins, kroptes intolérants, soldats tortionnaires, mentalistes inhumains. La liste est longue.

 

Reste Elluha, l'héroïne. Celle-ci est une bonne personne. Vraiment bonne. Trop bonne. Comme on dit "Trop bonne, trop conne". C'est un souffre douleur presque tout le long du livre. A tel point que ça en devient ridicule. Prendre autant de malheur sur ses épaules, passe encore, mais se laisser faire sans rien dire cela passerait pour du masochisme. A force j'ai perdu toute d'empathie envers ce personnage.

 

Un autre défaut que j'ai trouvé est que l'univers et de ce roman est trop inhumain. Esther n'est guère régie que par des religions toujours présentées comme étoufantes et intégristes, ce qui en soit est un postulat que j'accepte. Mais ce qui m'a déplu c'est que quand les personnages s'en libèrent, c'est pour mieux retomber dans les griffes d'une autre. Egalement, certains passages sont à la limite de l'insoutenable, notamment le génocide. 

 

Une autre faiblesse du roman, c'est qu'après les cinq ou dix premières années du voyage de l'Estérion, voyage qui dure 120 ans, il ne se passe plus grand chose. Les péripéties s'enchaînent, parfois prévisibles, parfois sorties du chapeau. Je me demande si l'expression Deus Ex Machina, mise en scène d'une façon ironique, l'a été à dessein ou pas. 

 

De ce roman, je n'ai malheureusement retenu que le trop. Trop de mysticisme, trop de violence, trop d'intolérance, trop de manichéisme. Le thème de la rédemption, illustré par le personnage d'Abzalon, est trop appuyé. 

 

J'ai commencé à lire Orcheron, la suite d'Abzalon, mais j'ai tout de suite déchanté. Encore des groupes intolérants criminels, encore des religieux intégristes, encore une société figée et réactionnaire. Je l'ai abandonné au bout de quelques chapitres.

 

Deux livres commencés et pas fini, un livre que je n'ai pas aimé. C'est malheureux à dire, mais je crois que je suis fâché avec l'oeuvre de Pierre Bordage.

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